Hakubutsukanyoku
On parle de « prescriptions muséales », d'un YouTubeur devenu maire de Lima, de newsletter de CEO, de nudge marketing dans les transports ou d'une boulangerie devenue virale.
Bien le bonjour !
C’est probablement un effet des bonnes résolutions de début d’année qui se prolongent mais, en ce moment, j’ai un rythme soutenu de spectacles. Après Gad Elmaleh au Dôme de Paris (indémodable!), La prochaine fois que tu mordras la poussière avec Vassili Schneider (impressionnant à porter quasi toute la pièce en monologue) et Cyrano avec Edouard Baer (première fois que je le voyais avec un vrai rôle théâtral et c’est un grand oui), j’ai testé ce weekend le stand-up de Jérémy Charbonnel au Point Virgule (validé également).
Et j’ai pensé à vous car, à la fin, il est venu sur scène avec un kakémono et un QR code géant… renvoyant vers un sondage pour nous faire voter sur LE sketch que l’on avait préféré dans le spectacle et avoir un champ libre de feedbacks à lui faire. Malin!
Bref, je vais essayer de continuer à vous partager régulièrement ce genre de découvertes (avec - sans aucune originalité !- tous les mois, un dump de ce qui m’a mise en joie : bonnes adresses, food, séries, livres…) sur Instagram.
Sur ce, bonne lecture !
PS : si vous vous êtes demandés la signification de ce mot imprononçable dans l’objet du mail, glissez jusqu’à la 1ère rubrique…
🫡 Kéliane — Mail / Instagram / Linkedin
Le boom des prescriptions muséales ou comment soigner les maux par la culture
En résumé — Connaissez-vous la « prescription muséale » ? C’est une idée née en 2018, à Montréal, qui consiste à offrir des visites de musées, sur ordonnance, à des patients atteints de pathologies physiques ou psychiques, qui peuvent venir seuls ou accompagnés et profiter de manière autonome des expositions. Et le concept est aujourd’hui en plein boom, repris aussi bien à Bruxelles qu’à Montpellier, Rennes ou dans les Yvelines.
Pourquoi c’est intéressant — Parce que l’idée ne sort pas de nulle part : elle découle d’une étude britannique menée pendant 12 ans, entre 2002 et 2014, sur un échantillon de 6 000 personnes qui a montré que le taux de mortalité était plus faible chez les personnes ayant pu fréquenter régulièrement un musée. Les effets sont donc réels, notamment sur la pression artérielle et le stress. Il existe même un mot dédié au Japon si vous voulez dormir moins bête : « hakubutsukanyoku », qui signifie littéralement « se baigner dans l’atmosphère muséale ». Un muséologue (deuxième mot appris aujourd’hui) japonais a continué à mesurer les effets en menant une expérimentation sur 1300 personnes et, lui aussi, a constaté une baisse de l’anxiété, de la fatigue et une meilleure pression artérielle. À une époque où la santé mentale devient aussi challengée, cela ouvre un champ des possibles : le muséologue imagine des visites offertes pour des ados en dépression ou une app qui sélectionnerait le musée le plus approprié en fonction de son état mental.
Pour aller plus loin — Si on pousse la logique plus loin, on pourrait imaginer des expériences autour de la gastronomie (Ézéchiel Zerah avait d’ailleurs imaginé un format « d’ordonnances gastronomiques » marrant pour les 1 an de son livre « Marseille - Un jour sans faim ! ») ou du sport, tous deux ayant aussi des bienfaits avérés sur la santé, mentale comme psychique. On pourrait aussi citer The Poetry Pharmacy à Londres, une librairie de « poésie sur ordonnance » ou la campagne WWF qui sensibilise sur la santé mentale grâce à des ordonnances… de nature.
Un YouTubeur devient maire de Lima pendant 1h
En résumé — C’est l’idée curieuse qu’a eu le maire de la capitale péruvienne alors que le YouTubeur américain IShowspeed (connu sur les Internets sous le nom de Speed), actuellement en plein tour du monde et qui en profite à chaque étape pour rencontrer ses fans, diffusait sur sa chaîne (34 millions d’abonnés quand même!) un live de 7h dans les rues de la ville.
Pourquoi c’est intéressant — On est sur une pure opé’ symbolique (et l’influenceur n’avait pas l’air d’être une flèche…) mais j’aime par contre la logique d’avoir profité de son passage pour tenter d’en faire un véritable ambassadeur touristique. Le maire y a vu une vraie opportunité de marketing gratuit pour sa ville - il est allé jusqu’à l’inviter, sur ses fonds perso’, à rester une semaine à Lima (spoiler : le créateur a refusé) - estimant qu’il aurait fallu débourser 1 million de dollars (!) par la commune pour espérer toucher l’audience de Speed.
→ Voir les explications du maire et le live de l’influenceur dans les rues de Lima
Quand se faire livrer une voiture devient aussi évident que se faire livrer le dîner : la collab’ bien vue Getaround x Hello Fresh
En résumé — Getaround, la plateforme de location de voitures entre particuliers, a lancé un nouveau service : vous pouvez désormais vous faire livrer cette voiture directement chez vous. Comment en faire la promo ? Eh bien en montrant que se faire livrer une voiture, c'est aussi simple que se faire livrer de la nourriture à domicile ! L’idée ? 1) Faire semblant d'ouvrir un fast food, en jouant sur des codes auxquels on est tous habitués 2) faire un partenariat avec Hello Fresh, qui touche déjà l’audience qu’ils visent (urbains pressés, familles souhaitant s'éviter les corvées, etc) et les inciter à essayer leur service, grâce à un flyer dans leur box de livraison.
Pourquoi c’est intéressant — Parce qu’on ne le dira jamais assez : être clair sur son objectif et l’audience visée, c’est la clé. En allant toucher directement les clients Hello Fresh, Getaround cible directement son marché : ce n’est pas ultra novateur en soi, okay, mais c’est malin et efficace (et c’est bien ce qu’on demande !), en hachant un usage, en en faisant un média et en arrivant à mêler brand et perf’. Bref, c’est le genre de collab’ entre marques qui, à mon sens, devraient s’accentuer, surtout dans des contextes budgétaires tendus où il faut trouver des manières organiques d’émerger.
→ Voir la vidéo du faux fast food et l’opé avec le flyer dans la box Hello Fresh
Utiliser les sacs de ramassage de crottes de chien pour nettoyer l’espace public
En résumé — Quelle est la logique d’avoir le réflexe de ramasser les déjections de son chien … mais de marcher ensuite tranquillement sur des déchets plastiques échoués sur une plage ? Pourquoi n’aurait-on pas le même réflexe pour nos propres déchets d’humains ? C’est en partant de cette idée que Neil Walshe, un directeur créatif australien, a repris le design des fameux « sacs à crotte » noirs pour créer des « Human waste bag » avec ce slogan provoc’ pour interpeller sur le fléau de la pollution plastique : « it’s time for humans to clean up their shit ».
Pourquoi c’est intéressant — Parce qu’il est toujours malin de partir d’un objet et design ancré dans nos quotidiens pour en détourner l’usage et interpeller. Et parce que le créatif a mis le design en open source… et l’a envoyé à tous les élus des villes côtières de la Nouvelle-Galles du Sud, pour qu’ils les déploient sur leurs plages.
→ Voir ces fameux sacs à déchets humains
Small talk, le podcast en POV de trois enfants
En résumé — Jorge Cuevas a lancé Small Talk, une série sur Instagram façon podcast… 100% entre enfants, où ce sont ses trois filles, Zara, Billie et Margot, qui partagent leur quotidien et leurs réflexions, avec ce prisme d’enfant très chou.
Pourquoi c’est intéressant — Il explique que l’idée de ce format lui est venu de la volonté de documenter « cette période vraiment spéciale et fugace de la vie avec ses enfants ». Cela donne un contenu signature rafraîchissant, sans filtre et spontané (et avec un grain à la Wes Anderson)… qu’on imaginerait vraiment bien pour une marque kids friendly.
Montrer l’urgence climatique à travers l’assiette du futur
En résumé — Durant la dernière COP28, à Dubaï, le pavillon des Emirats arabes unis a présenté Dinner in 2050, une expérience culinaire interactive où les visiteurs se retrouvent autour d’une table et doivent prononcer dans un micro leur plat préféré. Une IA va analyser les ingrédients du plat et remplacer ceux qui ont l’empreinte carbone la plus élevée par des alternatives pertinentes spécifiques au climat des Émirats. L’agneau est par exemple remplacé par des sauterelles et du millet (une céréale résistante à la sécheresse), le brocoli par des algues ou le bœuf par de la viande cultivée en laboratoire.
Pourquoi c’est intéressant — L’IA projette ensuite visuellement la version futuriste de ce plat dans une assiette : une manière de montrer comme le changement climatique va modifier notre quotidien culinaire.
Bonus — Une idée toute bête pour faire décoller une boulangerie
C’est l’histoire d’une boulangerie près de Nice qui s’est dit qu’elle allait offrir une baguette à chaque client qui rentrait dans sa boutique… en dansant. Résultat ? Pour une quinzaine de baguettes offertes par jour en moyenne, la boulangerie s’est offert un coup de com’ malin, pas cher et qui donne le sourire, relayé jusque dans le JT de 13h de France 2, avec un compte Insta’ qui, lui, a dépassé les 12k abonnés.
C'EST PEUT-ÊTRE UN DÉTAIL POUR VOUS MAIS...
📰 La gazette des communicants — Des créatifs ont eu 5 jours pour imaginer une identité visuelle pour un concours de com’ dans le cadre de leur école : le rendu de cette gazette est canon.
🏃 Courir pendant 24h pour la promo d’un album — Plus de 3000 personnes réunies sur place, un live YouTube avec 170K viewers en simultané… C’est la performance à la fois sportive et artistique de Rilès qui a couru pendant 24h d'affilée pour accompagner la sortie de son album, Survival Mode.
📦 Cibler les humoristes — La marque Ramdam Social (dont a souvent parlé ici pour ses opé’ de com’ créa’ et malignes) a surfé sur le festival des Fous rires de Bordeaux pour envoyer aux artistes leurs produits “pour les aider à mettre le feu sur scène”, leur expliquant au passage leur mission solidaire (reverser une part des profits à des asso). Bim : ils ont spontanément partagé sur leurs réseaux sociaux.
✈️ Et si vous imprimiez des photos de voyage… sur vos billets d’avion ? — Il fallait y penser et le rendu est très sympa et permet de garder une trace perso’. Une bonne idée d’activation ou de partenariat pour un acteur du voyage…
👩💻 Mettre à profit des liens morts — L'utilisation de l'écriture inclusive en ligne crée chaque jour des centaines d'URL… qui ne mènent nulle part. Alors une asso canadienne les a achetées pour mener plus de femmes en tech.
💌 Newsletter de CEO — Lisa Gachet, la fondatrice de Make My Lemonade, (re)lance Boss with Me, une newsletter dans laquelle elle partage son quotidien de cheffe d’entreprise, les coulisses de la création d’une collection et les montagnes russes de l’entrepreneuriat. Le 1er numéro est prometteur (et je reste persuadée qu’il y a une vraie opportunité pour les dirigeants qui se lanceront sur ce format…).
🤔 Comment empêcher les gens de s’adosser aux portes du tram ? — C’est le brief reçu par cette agence. Son idée ? Mettre des visuels de cactus. Simple, basique.
🚌 Nudge marketing dans les transports en commun — Température de la lumière, design sonore, couleur des barres métalliques, texture des sièges... France Culture a creusé l’impact du design sur le comportement des utilisateurs (et sur le marketing territorial) et c’est passionnant.
🤓 Questions pour un champion dans le RER — Depuis un an, Luka Ropa organise dans les transports parisiens des happenings filmés inspirés du jeu télévisé, avec des vidéos qui peuvent aller jusqu’à 1,7 million de vues sur TikTok. On espère que la RATP lui a proposé un partenariat…
🌳 Quand les panneaux d’affichage jouent avec l’environnement urbain — En Inde, Britannia a imaginé une campagne d’affichage qui joue avec la nature avec des panneaux qui se plient et se courbent autour des arbres urbains… pour parler des engagements de Britannia en matière de développement durable. J’aime beaucoup la manière dont l’agence raconte ce case study.
🎯 Promouvoir une newsletter dans des boîtes à livres — C’est le mouv’ très malin de mon amie Diane, qui écrit Chapitre : elle a conçu un joli marque-page faisant la promo de sa newsletter et est allée le placer dans des boîtes à livres… ciblant son audience là où elle est.
🎾 Un univers de marque imaginé grâce à l’IA — Un créatif a projeté à quoi pourrait ressembler un country club de Lacoste. C’est effectivement canon.
Venez prendre un shot d’inspiration et rencontrer les meilleurs créa’
C’est toute l’ambition du Club Komando : de la créativité et du réseautage entre pairs. Concrètement, en devenant membre (attention, j’en ouvre seulement 10 tous les mois et ça part vite), vous aurez accès :
au 1er moteur de recherche créatif (démo ici) : une mine d’inspiration pour piocher parmi 800+ campagnes et formats tagués : com’ de dirigeants, RSE, print, OOH, expériences physiques…
aux archives de tous les précédents numéros de la newsletter sur Substack
à des évènements réservés aux membres. Dernier en date ? On a reçu Clément Scherrer, DG de Buzzman en charge des stratégies.
C’est tout pour aujourd’hui ! On se donne rendez-vous mardi 4 mars pour le prochain numéro !
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